Obsolescence programmée, organisée, accélérée…on fait le point.
C’est une histoire de sémantique mais le choix des mots est, comme souvent, important. Dans nos interventions, nos discussions ou interviews, nous préférons effectivement parler d’obsolescence organisée lorsque le temps nous permet d’expliquer les nuances. Dans les faits, cela nous semble plus juste et plus proche de la réalité.
Obsolescence programmée
La définition est plurielle, selon la loi française, elle se caractérise comme l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement.
Mais les consommateurs ne se la représentent pas forcément comme telle.
Dans l’imaginaire collectif, bien que cela évolue, l’obsolescence programmée se définit par un dispositif ou une technique introduit de manière intentionnelle par le fabricant dès la conception du produit pour maitriser sa durée de vie. L’exemple typique est le cas de l’imprimante avec une puce de comptage à l’intérieur.
Outre cet exemple très médiatisé il est très rare que de tels dispositifs soient introduits à l’intérieur d’un produit. Le fabricant qui utiliserait cette méthode aurait beaucoup à perdre s’il se faisait prendre.
Obsolescence organisée ou accélérée
L’obsolescence se caractérise, à notre sens, par l’organisation d’un système, ou plutôt la désorganisation d’un système. Pour qu’un produit puisse perdurer il y a plusieurs éléments à respecter.
La Conception : C’est la base, effectuer une étude de conception avec une analyse préliminaire des pannes et une étude sur la fiabilité des composants utilisées. Il faut également anticiper les comportements des utilisateurs pour lister les pièces qui seront soumises à rude épreuve lors de l’utilisation du produit et l’adapter en conséquence.
Système qualité : La mise en place d’un système qualité est essentielle afin de surveiller la fabrication ou l’assemblage du produit, avec des tests tout au long de la production par exemple.
Système SAV : Encore un point essentiel, un produit s’use, s’altère avec le temps ou tombe en panne. Le SAV doit être performant pour répondre aux attentes des consommateurs lorsqu’ils ont un problème. Disponibilité et prix des pièces détachées, identification du parcours client, garantie fiable sont des points cruciaux.
Or certains fabricants jouent sur ses différents points pour maitriser la durée de vie de leurs produits et inciter au renouvellement. Une faille dans l’un de ces points entraine la mort prématurée quasi systématique de l’appareil concerné.
Lorsqu’une machine à café tombe en panne et que le fabricant ne distribue pas ou plus les pièces détachées c’est la fin de vie du produit.
Lorsqu’un mixeur plongeur s’arrête de fonctionner et qu’il ne peut pas être ouvert sans le casser, c’est une conception défaillante et un choix délibéré.
Aucun fabricant ne peut dire quand et comment le produit que vous avez acquis va cesser de fonctionner, car cela dépend également de l’usage que vous en faites. Entre une machine à laver utilisée par une famille nombreuse et une machine à laver dans une maison de campagne, le nombre de cycles journaliers ne sera bien sûr pas le même.
En revanche, il lui appartient de décider s’il commercialise pendant 10 ans les pièces détachées de sa machine à laver ou pendant 2 ans seulement, s’il utilise des composants de qualité ( impact sur le prix) ou du low-cost, s’il rend accessible les différentes parties de son produit ou s’il soude tout, c’est une question de volonté.