« Étiquette durabilité », qu’en attendre ?
En marge de la consultation sur la feuille de route de l’économie circulaire, Brune Poirson, actuelle secrétaire d’État à l’écologie sous la tutelle du ministère de la transition écologique et solidaire, a annoncé vouloir expérimenter une nouvelle étiquette sur la réparabilité.
Selon les premiers éléments communiqués, cette mesure expérimentale débuterait en 2020. Sur la base du volontariat, elle concernera une catégorie de produits restreinte axée principalement sur l’électronique.
Prenant la forme d’un QR code, le flash de l’étiquette avec son téléphone donnera accès à une note allant de 1 à 10. Cette note serait établie à partir d’une dizaine de critères prenant en compte :
- l’éco-conception du produit
- la traçabilité du produit
- les principaux impacts environnementaux du produit
Complémentaire à l’étiquette énergie, cette mesure nous semble de prime abord, aller dans le bon sens.
Mais, parce qu’il faut toujours un « mais », plusieurs questions importantes restent pour l’instant sans réponse :
- Quelle sera la méthode d’évaluation des critères ?
- Qui va évaluer ces critères ?
- Pourquoi se limiter aux produits électroniques ?
- Pourquoi choisir un QR Code ?
En regardant en arrière, nous nous apercevons que la plupart des informations délivrées aux consommateurs par les différentes étiquettes (énergie, pollution) sont établies par les fabricants et les industriels eux-mêmes. Certains sont transparents et effectuent des démarches rigoureuses, d’autres n’hésitent pas à abuser du système pour faire du green-washing, en falsifiant le processus, donnant lieu à plusieurs scandales comme le diesel-gate ou les étiquettes énergies mensongères.
L’idée d’une étiquette «durabilité» ne date pas d’hier. Un rapport commandé par le gouvernement en 2011 à la LNE (Laboratoire National de Métrologie et d’Essaie) et remis en 2014, préconisait déjà la mise en place de marquages «qualité» pour inciter les fabricants à allonger la durée de vie des produits.
Le format proposé par la LNE était, à l’époque, beaucoup plus crédible et sérieux. Il s’agissait d’élaborer un marquage «qualité» rigoureux, nécessitant le développement d’un référentiel socle et d’annexes sectorielles. Il préconisait, en outre, une certification indépendante par des organismes accrédités, pour plus de transparence et pour coller aux exigences des consommateurs.
Lien rapport LNE
Les deux autres points sont moins sensibles. On peut légitimement se demander pourquoi se cantonner à l’électronique alors que l’obsolescence impacte de très nombreux autres biens de notre quotidien.
Et enfin, pourquoi choisir un QR code ? Son utilisation n’est pas évidente pour les personnes non au fait de cette technologie.
L’avenir nous le dira.